Jean Ferrat L'eloge Du Celibat
La fille que j'aurai un jour dans la peau
Je crois bien qu'elle est toujours au berceau
Je n'brûle jamais à ma flamme, le même bois
Je suis d'ceux qui n'aiment qu'une femme à la fois
Comme dit l'proverbe normand, familier
Faut pas mettre tous ses œufs dans l'même panier
J'suis pas l'client d'monsieur l'maire, Dieu merci
Je suis un célibataire endurci
Tous les deux ou trois dimanche, en dansant
Je me cueille par les hanches une enfant
Je l'effeuille sans préludes et pardi
J'la renvoie à ses études le lundi
Je mène ainsi bien à l'aise, grâce au ciel
Dans mon année douze ou treize lunes de miel
J'ai pas l'occasion d'm'en faire, Dieu merci
Je suis un célibataire endurci
Tu raisonnes de la sorte jusqu'au jour
Où le p'tit Jésus t'apporte un amour
Une môme ni plus ni moins belle que beaucoup
Mais qui mettra la ficelle à ton cou
On a soudain moins envie de changer
Elle est si blonde qu'on oublie le danger
Et un beau soir on enterre, entre amis
Sa vie de célibataire endurci
Quand la morale d'une histoire est tirée
Comme dit l'autre, il faut la boire de bon gré
À ma chanson, y'en a une que voici
Elle me vaudra des rancunes, mais tant pis
Dans l'célibat, on s'ménage du bon temps
Mais son plus bel avantage, cependant
Ma femme dira pas l'contraire, je parie
C'est quand un célibataire se marie.