Philippe Miller La Java Du Seropo
OLIVIER : Quand le docteur m'a dit Que j'étais séropo Que cette maladie Je l'avais dans ma peau Dans mon sang dans mes veines Cette putain de gangrène, J'ai pensé : je suis mort !(bis) D'abord j'y ai pas cru J'me suis fait des mensonges J'me suis r'drogué j'ai bu J'voulais passer l'éponge, Effacer de ma vie Cette voix qui me dit : Demain tu seras mort ! (bis) J'ai détesté tout l'monde C'était la faute à tous Je les trouvais immondes Les gens ca m'rendait fou. Y m'regardaient crever Au lieu d'me consoler Dans leur yeux j'etais mort ! (bis) Enfin j'me suis repris J'suis pas vraiment malade, Et puis j'ai réfléchi J'me raconte plus d'salades : Je vais crever, c'est sûr, Mais du moment qu'ça dure Je suis pas encor'mort ! (bis) JEANNE : Mais tu ne mourras pas Je t'aime ! OLIVIER : L'amour ça n'a jamais sauvé Personne JEANNE : Moi, j'y crois ! OLIVIER : Pas moi. JEANNE : Tu es dur ! Tais-toi ! OLIVIER : C'est pas moi, c'est ma maladie. Et ben, embrasse-moi ! JEANNE : Est-ce que ça fait longtemps Qu't'es seropositif ? OLIVIER : Ca fait au moins six ans, J'suis pas affirmatif J'me suis beaucoup drogue J'faisais pas attention J'me suis contamine Avec une injection. JEANNE : Dis moi est-ce que tu sais qui t'as contaminé ? OLIVIER : C'est pas une question Il faut pas la poser Y'a pas d'explication Y'a pas de fatalité ! Mais si y'a un coupable C'est pas le pauvre diable Qui un jour m'a donné Sa seringue contaminée C'est la faute a tous ceux Qu'ont pas voulu m'aider Ces gens de qui les yeux Disaient : tu peux crever Y'a pas de place pour toi Dans notre société Tu n'es qu'un sal' drogué ! (bis) C'est la faute a Pasqua C'est la faute à Cresson C'est la faute à l'Etat C'est la faute aux prisons. Faut pas vivre dans un rêve Faut pas d'faire d'illusions Tu sais quand un tox crève Ca fait pas sensation. Quand tu t'drogu' tu te caches Tu veux pas qu'on le sache Parce que t'as peur des flics Et de tous leurs indics Tu vis traqué t'as peur Tu fais n'importe quoi Tu commets plein d'erreurs Tu meurs sans qu'on le voie. Moi pendant des années Je voyais plus personne J'restais chez moi caché Et j'avais peur qu'on sonne Je n'avais plus d'amis Il m'était plus permis De vivre comme un homme. (bis) Et puis j'en suis sorti Et je croyais renaître Retrouver une vrai vie La joie, l'amour, la fête. Mais j'aurai pas le temps De profiter d'tout ça Car je sais maintenant Que j'mourrai du sida.